On se souvient de la carrière Miron à Montréal. On s’en rappelle à cause des traces laissées par l’industrie : un cratère et 40 millions de tonnes de déchets. Les obstacles pour y aménager là un parc, le plus grand de l’île (153 hectares), étaient élevés. Ils allaient même conditionner la signalétique de ce qui allait s’appeler le parc Frédéric-Back du Complexe environnemental de Saint-Michel.
Parmi les contraintes: l’interdiction de creuser pour éviter de libérer tout gaz, donc l’impossibilité de couler des bases de béton.
Voilà un défi pour la pose de tout panneau permanent, apte à passer au travers des gels et des dégels!
Sous la direction du cabinet d’architecture Lemay, un angle audacieux de communication visuelle a été retenu. Au lieu de considérer la situation comme un problème, on y a vu des paramètres desquels tirer des avantages pour le bénéfice du client ultime, l’utilisateur du parc.
Signaliser, c’est un peu comme écrire.
On peut partir de la page blanche, s’étendre tous azimuts, errer, se retrouver. On peut aussi démarrer avec une liste de contraintes à transformer en informations, voire en caractéristiques avantageuses, pour les plus optimistes des écrivains ou des experts en signalétique.
« Nous avons agi par devoir de mémoire », résume Stephan Ouellet, chargé de projet. « Tout Montréalais connaît la cicatrice laissée par Miron sur leur ville et il nous fallait que l’image de marque du futur parc témoigne de ce qui est arrivé ».
C’est ainsi qu’est né l’audacieux projet de faire tenir les panneaux de signalisation sur des casiers de fer appelés gabions, remplis de roches et de gravier issus de l’ancienne carrière.
Le concept était d’autant pertinent que le parc allait être baptisé du nom de Frédéric Back, un artiste lié à la relation intime que l’homme doit établir avec la nature qui l’entoure. Or, le gabion crée de plus ou moins grands espaces vides, qui seront habités et nourris par des micro-habitats propices à représenter la biodiversité du site.